Je crois qu’avant de savoir qu’être scénariste était ma destinée, j’étais déjà amoureuse de l’outil de travail indispensable pour tout auteur : le cahier. Grand, petit, à spirale, customiser : pas de jaloux, tous me vont. C’est assez paradoxale, car ce que j’aime le plus dans un cahier, c’est la page blanche. Pour être plus précise, la première page blanche. Ouvrir un cahier neuf, c’est la promesse qu’il sera rempli de tellement de mots, utiles ou non, de listes, d’histoires, de schéma, que je n’ai toujours qu’une envie : le commencer. Bien sur, j’ai aussi souvent hâte de le finir, pour en commencer un autre. C’est un vice, un peu comme une drogue, voir un cahier neuf, n’importe lequel, le plus banal des cahiers d’écoliers, et vouloir y poser une plume et des courbes d’encre. Je n’avais pas de plus grand plaisir que de changer de cahier en cours d’année à l’école, bien qu’à chaque fois cela m’ait valu quelques réprimandes…
Le pire, c’est qu’aujourd’hui, j’aime tellement ça que je trouve toujours des excuses pour en avoir plusieurs à la fois : il y a mon cahier de travail, où je note mes idées et autres avancements sur mes divers travaux. Parfois, j’en ai même un par projet ! Il y a le petit que je trimbale partout avec adresses, listes de truc à faire,… Il y a bien sur l’intime, qui a souvent le droit à une plus jolie couverture que les autres. Il y a celui des recettes, celui des to-do liste et des critiques cinéma et télé, des séries en cours. Bref, il y en a partout, tout le temps. J’ai bien pensé à essayer de me soigner, mais il paraît que c’est en fait une très bonne habitude. Surtout que, si quelqu’un essaie de comprendre la logique et de déchiffrer tout ce qui s’y trouve, je lui souhaite bonne chance !
Quant à savoir si le cahier peut être remplacer par une tablette électronique quelconque… Et bien je ne crois pas. Du moins, pas pour tous. Tout comme à mon goût l’émail ne remplacera jamais complètement la lettre, de même la tablette ne pourra jamais prendre la place du cahier, que l’on peut gribouiller, plier dans tous les sens. La relation charnelle avec le papier est, pour moi, vecteur de créativité. Me voilà donc accrocher à vie à des pages à remplir, et même si je n’avais plus rien à écrire, je trouverai toujours quelque chose à lister… (des sujets de notes de blog par exemple ! )
Eh oui, on fait partie de la « vieille » génération, celle qui aime l’odeur du papier, les petits dessins dans les marges, la sensation du stylo qui écrit… c’est bien plus personnel qu’un clavier ou autre 🙂
« Quant à savoir si le cahier peut être remplacé par une tablette électronique quelconque… »
Une tablette en tant que telle probablement pas, mais un smartphone, qui tient d’une certaine manière de l’intime, un peu plus.
La question n’est pas tant celle du contenant (l’appareil) que du contenu (les outils et applications), et de la sophistication et ubiquité de ces dernières.
Pour prendre mon cas en exemple (#egocentrique) cela fait bien 5 ans que j’ai abandonné le côté purement manuscrit, pour adapter, repenser en profondeur ma manière d’écrire & travailler pour gagner en temps et en praticité: prendre des notes directement sur smartphone dans un fichier word, (puis par la suite sur evernote en passant chez la marque à la pomme – béni sera celui qui permettra la modification native des fichiers Final Draft sur mobile/tablette!), ce qui évite de perdre du temps à tout mettre au propre.
Ceci dit, je n’ai jamais été attaché aux cahiers +/- encombrants, mais plutôt au petits carnets à dessin A6, ainsi qu’aux feuilles volantes de même format (une feuille A4 pliée/proprement déchirée en 4 et c’est prêt), donc le format reste sensiblement dle même: ça tient dans la main/poche, et ça peut s’utiliser partout.
… Quand aux schémas, s’ils sont effectués sur une de ces fameuses feuilles A6, ils sont ensuite repris sur un outil de mind-mapping, ce qui permet de pouvoir les consulter/modifier sur smartphone à tout moment.
Ma démarche est p-e particulière, car pensée pas dans les moindres détails mais presque, pour intégrer les bons côtés du numérique, sans les mauvais, ce qui demande parfois un effort supplémentaire: numériser/ocr-iser sources, afin d’en avoir une sauvegarde accessible sur liseuse/smartphone, mise en ligne de ma scriptothèque sur un espace privé…
Ce qui ne m’empêche pas d’avoir toujours besoin d’un lien avec l’écriture manuscrite, principalement lors qu’il s’agit de décider des grandes lignes d’un projet, où les A6 mentionnées tiennent lieu de cartes-index. On imprime les choses différemment lorsque l’écrit intervient, je pense.
Le truc, c’est de faire ça selon ses besoins et son feeling, de manière à ce que le flux de production personnel soit le plus fluide et naturel possible…