La bourse, la crise des subprimes et les parachutes dorées des traders constituent un univers tellement loin du miens que j’ai souvent beaucoup de mal à y prêter de l’attention. Alors aller voir un film qui ne parle que de ça, je ne pensais pas que ça m’arriverait de si tôt. Pourtant, en voyant le casting du film Margin Call, je me suis dis que je pouvais bien faire un effort. Et ma peine fut certainement récompensée !
C’est une réalisation et une écriture étonnante que nous montre le cinéaste J.C. Chandor pour un premier film. Dans les bureaux d’une société jouant à la bourse dans un immense gratte-ciel de la City à NYC, on licencie sans état d’âme. Sauf que l’un des remerciés vient de découvrir une irrégularité. Il refile le bébé à un jeune trader qui va ainsi déterrer un cadavre fait de chiffres qui, 24h après, seront ceux de la crise des subprimes. Le film se déroule sur un peu moins d’une journée, sur une nuit surtout, où le suspense grossit au fur et à mesure de l’arrivée des plus grands pontes de la firme et qu’on se rend à l’évidence : la bourse va dans le mur. Un compte à rebours finement mené et contenu dans une unité de temps et surtout de lieu qui donne l’impression que le réalisateur tient un monde entre ses mains.
Mais le plus intéressant réside dans le traitement de la réaction des personnages, petits gradés comme grands patrons, sacrifiés comme sauvés. Il y a du monde qui se croise mais personne n’est oublié, entre cynisme ou humanité, faiblesse et ressource mais jamais d’indifférence. Le casting est impressionnant, donc : Kevin Spacey, Paul Bettany, Jeremy Irons, j’en passe et des meilleurs dans le genre acteurs de série qu’on recycle. On a à faire à un bestiaire assez passionnant, et le personnage de Spacey nous donne pour finir la métaphore du coup de pelle, du dirty job. Bref, si l’on ne comprend pas toujours les termes techniques et ce dont on parle vraiment, les enjeux sont très clairement transmis, le suspens bien construit et le film, qui dure presque deux heures, n’est jamais ennuyeux quoi que laissant un petit goût amer dans la bouche.
Un avis sur « Margin Call »