Expérience écrite au cours d’un exercice sur le voyage. En attendant le prochain et les vacances…
J’adore les voyages. Chaque année, mon amoureux et moi partons découvrir un pays, à l’aventure, armés de nos seuls sacs à dos. Nos expériences ont toujours été très appréciables, remplies de magnifiques souvenirs… à l’exception des retours. Les retours de voyages sont toujours très épiques. C’est un peu notre marque de fabrique. Je crois que le plus marquant fut le retour de notre périple sur la côte Est des États-Unis…
La maxime « le temps, c’est de l’argent » est toujours plus vrai que nature en ce qui concerne les voyages. Les compagnies d’avions proposant les vols directs les plus courts sont toujours les plus chères. Les moyens de transport les plus confortables, rapides ou pratiques sont souvent hors d’atteintes des petites bourses de jeunes globetrotteurs. Du coup, pour partir aux USA, nous avions décidé de passer par Bruxelles où les taxes d’aéroport sont moins élevées. Obligés de prendre nos billets des mois à l’avance, nous pensions que faire escale à Philadelphie ne serait pas un problème. Même refrain au retour : deux avions, un bus. Nous avons organisés le reste de notre séjour bien des semaines plus tard, en pensant naïvement que, les vols intérieurs américains étant une nécessité pour parcourir de grands espaces, il était tout à fait possible de cumuler les décollages et atterrissages. Mais quand la fin du voyage est arrivé, après une découverte très intense de la Caroline du Sud et de la Floride, nous nous sommes rendus compte que nous partions pour un retour de… 36h ! Le plus aberrant était que nous faisons deux escales de suite à Philadelphie, la compagnie que nous utilisions y avait son siège. Nous faisions donc, après des heures de voiture, Charleston/Philadelphie/Boston pour reprendre un Boston/Philadelphie/Bruxelles le lendemain… sans compter le bus. Cherchez l’erreur !
Nous avons essayé de négocier de nous arrêter à Philadelphie et d’éviter Boston, mais impossible de convaincre la compagnie aérienne de ne pas nous refaire payer au tarif fort des billets. Nous nous sommes donc retrouvés à l’aéroport de Charleston en étant obligé d’aller passer la nuit à Boston… je ne sais pas si vous avez en tête la carte de la côte est, mais ce sont deux villes à l’opposer, un peu comme Marseille et Lille…
Quelle nuit cela fut ! Nous n’avions bien sûr pas prévu d’hôtel ni de lieux où loger le soir à Boston. Panique soudaine : que faire ? A l’aller, où nous nous étions arrêtés plus longtemps à Boston, nous logions chez l’habitant, Rex, un chinois de la banlieue louant des chambres bon marchés aux touristes fauchés. On le rappelle en panique, sans être sûr de bien comprendre nos accents respectifs. Il nous annonce qu’il est complet. On le supplie un peu et il finit par avouer qu’il lui reste une chambre mais sans climatisation, alors que Boston fond sous le soleil d’août et un 30° bien senti. C’est pas grave, lui dit-on, on prend ! Il nous demande de le rappeler quand on arrive, si jamais on trouve quelque chose de mieux, lui va essayer de rendre la chambre disponible, il nous tient au courant. Quelque peu soulagés mais peu sûrs de notre sort, nous montions dans l’avion en rêvant déjà de la Tour Eiffel. Arrivés à Boston, on le rappelle : alors, on peut venir, c’est bon ? Il fallut encore quelques fatigantes négociations pour pouvoir débarquer dans sa petite maison prés de l’océan. Il nous montre la chambre, véritable four, nous donne la clé et nous dis à demain. Nous posons nos sacs, fermons la porte et filons en ville pour profiter d’une dernière soirée avant la deuxième plus longue partie du voyage retour le lendemain. Fatigués, on ne rentre pas trop tard, mais assez pour que les gens des autres chambres soient déjà endormis. Et puis Rex nous a prévenu : le mec de la chambre d’à côté est un caractériel, il vaut mieux ne pas le réveiller. Sur la pointe des pieds, nous montons les escaliers à la moquette jaunissante et enfilons la clé dans la serrure. Soudain, panique : la porte ne s’ouvre pas ! Est-ce la chaleur qui la bloquée ? Nos bagages et nos lits de l’autre côté, impossible d’appeler Rex à minuit, car il était parti dormir de l’autre côté de la ville. Et nous devions partir tôt le lendemain pour prendre notre avion ! Systéme D oblige, on a trouvé dans le salon un vieux matelas. Heureusement qu’il faisait chaud et qu’aucune couverture n’était nécessaire…
Quelques heures d’un sommeil léger et agité plus tard, nous attendons que Rex revienne pour ouvrir la porte, mais celui-ci n’arrive pas. L’idée nous vient de passer par la fenêtre de la chambre, mais les voisins nous dévisagent d’un air étrange. Aux pays des hommes à la gâchette facile, il vaut mieux éviter ce genre d’effraction non réglementaire. On se décide à rappeler Rex en urgence, il faut qu’il arrive au plus vite. Je ne crois pas qu’il ai tout compris et il a dû nous haïr tout le trajet le menant à sa propriété. Mais force fut-il de constater qu’il ne nous avait en effet pas laisser la bonne clé… Nous n’avons pas demandé notre reste et avons couru à l’aéroport pour refaire cette maudite escale à Philadelphie. Épuisés, nous montions enfin dans l’avion pour Bruxelles et 8h de vols à coup de comédies américaines bas-de-gamme et de voisins odorants et bruyants… qui jouaient avec beaucoup trop d’enthousiasme à la bataille navale ! Et ce ne fut rien quand on sait qu’on a enchaîne avec trois heures d’attente en gare de Bruxelles midi et quatre heures de bus pour rentrer à Paris avec en prime un arrêt à la frontière et une fouille du bus… les retours épiques, je vous dis, ça nous connaît !
Un avis sur « Le plus dur, dans le voyage, c’est de revenir… »