On a tous vécu ce moment délicat où notre appartement, maison ou chambre, a été envahi de nuisibles quelconque. Cafards, mîtes, moucherons, la nature regorge de petites bêtes que l’on redoute et qui peuvent très vite nous pourrir l’existence. Je crois qu’il est temps, maintenant que je m’apprête à quitter mon petit studio au cœur de Paris, de révéler au monde le drame qui s’y est déroulé l’année dernière.
Mon appartement se situe dans un vieil immeuble, la rumeur court qu’il fut bâti en 1445. Dans ce genre de bâtiment, il y a des trous partout, dans les murs, les escaliers, les toits. Pas très rassurants, mais sans aucune répercussion sur le confort. A l’exception que ces trous et tunnels sont un air de jeu idéal pour les souris. Les souris, c’est mignon quand c’est en cage ou dans les dessins animées. Dans la réalité, ce sont des bêtes élastiques qui peuvent s’aplatir pour passer dans les plus petits trous ou sauter des distances assez énormes, avec des griffes à faire palir Spiderman pour monter sur les murs. Bref, une souris peut aller partout. Dans votre garde-manger, votre vaisselle, votre lit. Grignoter ce que vous laisser par malheur un peu trop exposé, laisser des traces désagréables de son passage sur votre oreiller, bref, c’est SALE.
La première fois que je les ai entendues, je venais d’étendre ma lampe de chevet, et j’avais un peu du mal à trouver le sommeil. Je sais que les vieilles maisons craquent et que j’entends assez biens les mouvements de mes voisins. J’ai donc pensé que les grattements que j’entendais étaient dû à des éléments extérieurs. Mais je me suis rapidement rendu compte que j’entendais des bruits de sacs plastiques, et que ces sacs plastiques étaient ceux de ma cuisine. J’ai rallumé la lumière, mais je n’ai rien vu. Du coup, j’ai laissé filé et j’ai pensé à autre chose. Mais pendant quelques semaines, le bruit s’est répété, amplifié, jusqu’à ce que je prenne conscience que ce n’était pas mes sacs plastiques mais mon sac poubelle à qui l’ont faisait un sort toutes les nuits. C’était sûrs que des souris avaient élu domicile. dans mes murs. J’ai bien essayé de chercher leur porte d’entrée, mais j’ai repéré de trop nombreux trous impossibles à boucher. Malgré des tas de journaux bourrés dans tous les espaces entre les meubles et derrière la cuisinière, les visites nocturnes ont continuité.
Mais tout a changé le jour où je les ai vu. Une nuit où, à nouveau réveillée, les bruits se faisaient bien trop insistants, je n’ai allumé la lumière qu’une fois sur les lieux du crime et j’en ai vu une filer comme l’éclair sous mes pieds. Mais je n’ai pas crier, ni paniqué : il m’en faut plus que ça. La suite m’a prouvé que j’étais encore plus loin de la femme paniquée sur un tabouret de sa cuisine criant à la vue de deux oreilles rondes que je ne le pensais. Mais le lendemain se fut pire : un est sortie durant la journée. Là je me suis qu’il était urgent d’agir.
Je n’avais cependant aucune idée de comment m’y prendre pour m’en débarrasser en douceur, sans faire souffrir ces sales bêtes (je ne suis tout de même pas cruelle). On m’a dit que la mort au rat était horrible et que les tapettes restaient un moyen sûr et efficace. Mais c’est un leurre… ou alors je ne suis juste pas douée pour enclencher les pièges. Les morceaux de chocolat disparaissaient sans qu’aucune souris ne s’y fasse prendre. J’ai essayé les odeurs répulsives, mais mes poubelles étaient toujours envahies. J’ai essayé le momifiant, mais les résultats n’étaient pas beaucoup plus satisfaisant. J’ai alors découvert un moyen qui m’a semblait adéquat : le piège à glu. Cela se constitue d’une plaquette en plastique recouverte de glu. Cette colle possède une odeur particulièrement attrayante et invite les bestioles à venir rester piégées. Sur la notice, il est bien préciser que la souris, ainsi incapable de bouger, doit mourir instantanément d’une crise cardiaque. Pas la mort la plus sympathique, mais au moins c’est rapide. En théorie.
Toute heureuse de ma trouvaille, j’ai investi dans quatre plaquettes que j’ai disposé au endroit de passage des souris, le soir même. Je suis allée me coucher la tête légère, espérant enfin passer une bonne nuit et ne plus être réveillée régulièrement. Mais voilà qu’aux environs de deux heures et demie du matin, un son aigu me réveille, un bruit répétitif que je ne connaissais pas, mais qui me perçait les tympans sans relâche. Lorsque j’ai compris que ce bruit était celui d’une souris qui criait, je me suis dis que je n’y survivrai pas : il fallait que je dorme, il fallait que je la fasse taire. Et visiblement, elle n’était pas décidé à avoir une crise cardiaque. Prenant mon courage à deux mains, j’ai décidé d’agir. La souris était bien là, collée sur la plaquette, complétement paniquée et criant sans arrêt. J’ai bien essayé de lui dire de se taire, mais rien y faisait. ça me crevait le cœur, mais c’était elle ou moi. Alors, que faire ? La mettre tout simplement dehors? Non seulement elle allait réveiller les voisins, mais en plus elle souffrirait trop longtemps. La jeter par la fenêtre? elle était trop légère, la chute ne lui aurait rien fait. L’assommer ? mais je n’avais pas de marteau, et les seuls objets assez lourds auraient connus le même destin que l’animal, fixer à jamais à une plaque de plastique. Car il n’y avait, bien évidemment, aucun moyen de décoller la souris. Je ne savais pas quoi faire. Son cri incessant jouait avec mes nerfs. Je ne savais pas à qui demander de l’aide en pleine nuit, et je devais dormir. C’est alors que j’ai vu un objet qui m’a semblé répondre à toutes mes questions. En temps normal, j’y aurai réfléchi à deux fois, mais dans ces circonstances, je n’ai pas vu d’autre solution, aussi horrible que cela puisse paraitre. J’ai donc pris le couteau qui se trouvait sur mon plan de travail, j’ai posé la souris dans son piège par terre, j’ai levé le bras et, rejouant Psychose sans douche et sans rideau, j’ai agi, sans y penser. Ce fut, pour le coup, rapide, en plein cœur, mes instincts de vie antérieur de chat remontant à la surface. Puis j’ai mis le cadavre dans une poubelle, et j’ai immédiatement descendu la poubelle dans le local. Quand je me suis recouchée, je me suis mise à trembler. Que venais-je de faire ? J’ai tué une bête innocente, mon dieu ! Je m’imaginais déjà ses petites copines envahir mon lit et me manger dans mon sommeil pour se venger du crime que je venais de commettre. Inutile de vous dire que je n’ai pas bien dormi. Mais devinez quoi : je n’ai jamais subi de vengeance souricière. Même si depuis j’en ai tué 4 autres de la même manière.
Tu n’as jamais subi de vengeance souricière, pour la simple et bonne raison que, comme le veut l’adage, la vengeance est un plat qui se mange froid, de préférence parsemé de gruyère.
Elles connaissent déjà l’emplacement de ton nouvel appartement, ont déjà investi les lieux avec la ferme intention de faire de celui-ci le champ de bataille de la Guerre Souricière à venir.
#NeverForgive, #NeverForget.