Cette année, je me suis amusée à écrire une lettre à France Inter pour faire partie du jury du Prix du Livre Inter. Il fallait y raconter pourquoi nous aimions lire, ce que nous lisions,… Je n’ai pas été sélectionnée mais, fervente militante de la correspondance épistolaire et de sa sauvegarde, j’ai beaucoup aimé l’initiative et je publie ici ce que j’avais écris. En parlant de correspondance épistolaire, n’oubliez pas vos carte postales cet été !
Chers membres du comité de sélection du jury du prix du livre Inter,
C’est avec des frissons de plaisir et de peur que je vous écris cette lettre de candidature à la fonction de jurée pour cette nouvelle édition du prix du Livre Inter.
De plaisir, car l’espoir d’être sélectionnée déclenche déjà des petites particules d’endorphine dans mon cerveau.
De peur, car c’est la première fois que je fais cet exercice. Non pas d’écrire une lettre, au contraire : j’aime tellement la correspondance épistolaire que j’en ai créé un groupe sur Facebook (après tout, pourquoi la technologie ne se mettrait pas un peu au service du papier ? Non c’est la première fois que je postule pour être juré d’un prix du livre. Je suis moi-même auteur pour les écrans. En tant que jeune scénariste, je lis énormément, dont de nombreux romans qui font naître des millions d’images dans mon esprit, que je m’amuse parfois, quand les pages sont belles, à découper en séquence. INT/NUIT.
J’aime beaucoup de genres différents. J’adorerai adapter pour le cinéma la dernière grande fresque historique de Ken Follett, La Chute des Géants. J’ai été dernièrement très touchée et surprise par Du Domaine des Murmures de Carole Martinez. Ma passion pour l’Inde ne serait rien sans l’incroyable Salman Rushdie, et Philippe Djian a une étagère à son nom dans ma bibliothèque. Le livre que je dévore en ce moment, je l’ai emprunté au hasard. Je venais rendre à la bibliothèque de mon quartier, à la fin d’une longue journée, les œuvres qu’elle m’avait gentillement prêtées (Romain Gary et Robin Hobb, nostalgie de mon adolescence). Flânant dans les rayons sans trop savoir ce que je cherchais, j’avais oublié que l’heure de la fermeture approchait. Quand un haut-parleur nous annonça délicatement que, dans quelques minutes, le bureau des prêts finissait son office, j’ai paniqué. Je ne pouvais pas sortir sans un nouveau livre ! Comment allais-je m’endormir, sans la voix d’un personnage pour me bercer ? Les miens, de personnages, ceux de mes films, je les connais trop bien, je vis avec eux une existence diurne. Pour mes nuits, il me faut de l’inconnu, et vite !
Je m’approchai alors du premier rayon à ma portée. Comment et pourquoi mes doigts agrippèrent Bonbon Palace, d’Elif Shfak, je ne sais pas. Le titre, peut-être, l’heure du diner n’était qu’à un tour d’horloge. En lisant la quatrième de couverture, j’y ai vu le nom d’Istanbul. C’était un signe, d’y lire la destination de mes vacances d’été. Je suis sortie soulagée et impatiente de découvrir ce que le hasard m’avais mis entre les mains.
Car aimer un livre, c’est y reconnaître un signe, un lien invisible qui vous fait entrer dans les pages, dans les décors érigés par les mots. Une fenêtre, un échappatoire vers les milles vie que j’essaie de reconstruire dans mes propres histoires, à défaut de les vivre. Ça, je l’ai compris dés mes premiers livres, et mes études littéraires n’ont fait que le confirmer.
Les livres méritent une reconnaissance, pour leur utilité vitale. C’est pour cela que j’aimerai participer au prix du livre Inter : concrétiser ma reconnaissance envers cet objet qui fait mon être, en récompensant un roman, et un auteur. Je sais combien il est important de savoir que ce qu’on écrit est apprécié, compris, et vécu.