On sait depuis longtemps qu’il y a pas mal de génie dans l’esprit de Michel Gondry. Le cinéaste arrive pourtant à encore nous étonner avec son dernier film qu’il a présenté à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes : The We and The I. Un « bus-movie » mettant en scène des ados du Bronx où, contrairement aux apparences, on ne s’ennuie pas une seconde.
Loin des gros budgets de ces précédents long-métrages, Gondry nous donne ici un décor unique, un véritable bus New-Yorkais qui ramène chez eux une bande d’ado alors qu’a sonné l’heure des grandes vacances. Pendant le trajet un peu trop long pour être vrai (deux heures!), ces jeunes nous montrent leur univers, leur code, leur façon de se comporter, parfois brutale, souvent bêtement méchante, assez changeante. Il est marrant de voir d’ailleurs qu’on a maintenant des réactions d’adultes face aux mauvaises farces qu’ils font aux autres passagers…
Passant de la force de la bande à l’angoisse de la solitude, rongés par des problèmes d’apparence légers mais en réalité plus profond qu’il n’y parait, ces ados nous emportent avec eux dans leur façon de vivre l’instant présent. Le plus impressionnant est de savoir que tout le film a été écrit, que tous les dialogues ont été interprété avec précision. Mais le film a été préparé en amont avec les lycéens s’improvisant acteurs, et leurs personnages tirent leur force de leur ressemblance avec les interprètes. On retrouve aussi quelques clins d’oeil bricolés typique du réalisateur qui a lui même fait ses classes à NYC. Beaucoup plus que quelques histoires racontées ça et là à la va-vite, Gondry nous révèle au fur et à mesure la profondeur touchante de son propos, celui de la difficulté d’être soi-même en bande, de se retrouver face la complexité du « je » et ne savoir qu’en faire face aux jugements incessant des autres.