On oublie parfois à quel point on peut rire au théâtre. Le vaudeville reste un genre sûr en matière de comique de situation, quiproquo et autres jeux de mots plus ou moins fins. Alors, quand c’est une bande d’acteurs maladroit et mauvais qui s’emparent d’une telle création, la pièce devient vite calamiteuse… et hilarante. Bienvenue dans Thé à la menthe ou t’es citron !
Cette comédie, écrite par Patrick Haudecœur (dans le rôle du jeune premier) et Danielle Navarro-Haudecœur et récompensé par le Molière du meilleur spectacle comique en 2011, fait salle comble tous les soirs. Et, chaque soir, les spectateurs sortent ravis, le sourire aux lèvres et repus de fou rire. Par quelle magie ? Celle d’une mise en scène superbement rodée, d’acteurs qui s’amusent à se parodier. Car c’est bien de théâtre dans le théâtre qu’il s’agit. Le rideau se lève sur un décor incomplet de salon du XIXe siècle où commence un Vaudeville qui nous paraît tellement mauvais qu’on prend peur. C’est ça, la pièce? Non! Lorsque la tasse de té se renverse sur la robe de la comédienne, c’est le pompon : la metteur en scène intervient, le chef déco continue sa mise en place, la costumière fait ses ajustement, les acteurs s’engueulent. S’enchaîne alors la répétition de plus en plus catastrophique de la futur pièce. Petit à petit, les acteurs révèlent leur potentiel comique et l’on se met à rire tellement ils sont mauvais. Les gags vont crescendo, les ratés aussi. Puis la répétition finie, on passe au soir de la première, et là, c’est un véritable feux d’artifice de loupés et de gags inattendus! Rien ne va plus, à la plus grande joie du public. Le rire est communicatif, le rythme soutenu comme il faut, on se détend complètement. On comprend alors pourquoi cette pièce a de beaux jours devant elle : on peut qu’en dire du bien en sortant !