Le cinéma sert à tout, et tout le monde peut passer pour un technicien du septième art. Un peu exagéré, me direz-vous ? Certes, mais c’est bien grâce à cela qu’un agent du FBI a réussi à faire sortir d’Iran six otages. Histoire vraie dont s’est emparée Ben Affleck pour son dernier film, Argo.
Lorsque Bill Clinton a rendu l’opération Argo publique, on a pas douté une seule seconde que cela ferait un bon film. Une histoire aussi rocambolesque mettant en opposition les Etats-Unis et un pays islamique comme l’Iran ne pouvait qu’engendrer du suspense fort. Affleck a donc reconstitué les années 1970 avec brillo et suivi le scénario de Chris Terrio pour emmener l’agent du FBI Mendez (joué par Affleck himself) à Hollywood. Il y monte un faux film avec l’aide d’un producteur peu scrupuleux et d’un pro des effets-spéciaux assez fou dans le but de faire sortir d’Iran six diplômâtes se cachant à Téhéran, chez l’ambassadeur canadien, en les faisant passer pour une équipe de tournage de film de science-fiction. Comédie grave, thriller léger, avec ses moments drôles et ses instants de suspense, ses très bons acteurs (avec lesquels on joue à « mais dans quelle série je t’ai vu? »), sa réalisation plus que convenable qui nous surprend à nous agripper aux accoudoirs de nos fauteuils, Argo est une vraie réussite, un divertissement à la hauteur du cahiers des charges des Oscars. Plus importants, le film a un sous-texte qui nous pousse à le regarder avec des yeux de grands enfants : n’est-ce pas cela, la magie de brouiller la frontière entre la fiction et le réel, d’introduire le cinéma dans le cinéma pour moins se prendre au sérieux malgré les enjeux ? On se détache alors du côté manichéen que l’on attend au départ, des méchants iraniens contre les gentils américains. Ce petit décalage donne au long-métrage tout le côté sympathique dont il a besoin sans le faire tomber dans trop de mièvrerie, ce qui est plus qu’appréciable. Bref, avec ses petits replis, Argo se révèle être un des meilleurs films de cette année.
Un avis sur « Argo »