Sundance Channel est la petite chaine américaine du moment qui monte, grâce à ses nouvelles séries originales. Après Top of The Lake, elle frappe un grand coup avec une des meilleurs créations de cette saison 2012-2013 : Rectify, imaginée par Ray McKinnon (plus connu comme comédien que scénariste) qui semble vouloir confirmer une tendance au drame humain dans le quotidien, qui n’a pas besoin de rebondissements incessants.
A l’âge de 18 ans, Daniel (étonnant Aden Young) a été accusé du viol et du meurtre de sa petite amie. Avouant sous la contrainte, il est condamné à la chaise électrique et passe dix-neuf ans dans le couloir de la mort. Mais voilà qu’une analyse ADN le disculpe et Daniel est libéré dans l’attente d’un nouveau procès. Comment retrouver le monde réel après en avoir été coupé pendant tant de temps ? Un monde qui a changé à grande vitesse, bouleversé par des inventions que Daniel n’a pas connu. Plus que tout, le jeune homme doit retrouver sa place dans une famille qui est devenue quasi étrangère, dans un quartier où les voisins aimeraient le remettre en prison. Misant sur une belle mise en scène, une lumière poétique pour un propos très fort et touchant, on sent dans ce pilote que le regard de Daniel suffit à nous dire toute l’horreur de ce qu’il a vécu. La série va à son rythme, lentement, imposant les silences de Daniel et son incompréhension, d’autant plus qu’il n’est pas tout à fait tirer d’affaire, son cas étant le combat politique d’un sénateur. On ne peut que se laisser happer par cette renaissance fascinante, par ce décalage entre notre monde et un humain.