Baz Luhrmann est le cinéaste des histoires d’amour impossibles. Entre sa trilogie du rideau (dont Roméo + Juliette ou Moulin Rouge) et Australia, son style se fait de plus en plus marqué et reconnaissable. Son adaptation de Gatsby le Magnifique, présenté hors compétition en ouverture du Festival de Cannes, ne déroge pas à ses habitudes… quitte à se répéter un peu.
Le roman de F. Scott Fitzgerald a comme décor le New-York des années 20. Raconté par Nick (joué par Tobey Maguire à l’écran), l’histoire raconte l’été où celui-ci vient s’installer à New-York où vit sa cousine Daisy (Carrey Mulligan) et son mari. Il fera la connaissance de son voisin, Jay Gatsby (DiCaprio), milliardaire mystérieux au palais gargantuesque et amoureux transit de Daisy. Très fidèle au roman, le film n’apporte aucune surprise, ce qui est un peu décevant : il aurait été bienvenue de s’écarter de la voix-off du narrateur, par exemple. Étrangement, le film paraît trop didactique : on nous explique tout, flashbacks redondants à l’appuie. Ces petits défauts nous empêchent vbite d’adhérer pleinement au film par ailleurs très agréable à regarder. Mais Luhrmann ne semble pas s’en inquiéter : le festin visuel qu’il offre, l’opulence des belles images doivent faire oublier le manque de finesse de la narration. Il faut dire qu’en matière visuel, rien ne se fait dans la retenue… et l’on ne peut s’empêcher d’y voir, malgré tout, des redites d’un Moulin Rouge à une autre époque, les chansons en moins. Ce New-York là est traité un peu de la même manière dont l’était Paris, en un peu trop lissé par le numérique. Les grandes fêtes ont des airs de cabarets remis au goût du jour par le hip-hop (qui fonctionne plutôt bien) et il faut oser aller jusqu’au bout en multipliant les effets de mise en scène. Bien sûr cela facilité la plongée dans l’histoire d’amour impossible entre Gatsby et Daisy, en nous poussant surtout dans les motivations de ce personnage haut en couleur et très bien incarné par DiCaprio : c’est à lui qu’on s’attache, lui que l’on découvre incompris. Et c’est alors à ce moment-là que le film fait mouche : quand tout s’efface pour ne laisser que Gatsby face à lui-même. Le film prend une autre tournure. On regrette alors que ce personnage doive se contenter d’un film pas vraiment à sa hauteur, mais tout de même plaisant à voir surtout pour les amateurs du style Luhrmann qui se cite un peu lui-même.
L’avantage, c’est que quand on attend du Luhrmann, on en a pour son argent ! J’aime beaucoup ce réalisateur, tous ses films m’ont beaucoup plu, y compris le (à mon avis) sous-noté « Australia ».