C’est une habitude qu’on perd sans s’en rendre compte, un hobby qu’on lâche sans y penser, une passion qu’on ne prend plus le temps de nourrir sans s’en apercevoir. C’est quand on se rend enfin compte qu’on ne s’y adonne plus que le manque vient nous saisir… et qu’on pense l’impensable : j’ai déserté les salles de cinéma.
C’est très étrange, pour moi, de faire ce constat. Fût une époque bénie où, étudiante, j’allais au cinéma tous les jours. Je voyais tout, le bon comme le mauvais, le français comme l’international, le blockbuster comme le petit film d’auteur. Puis, les années passants, j’ai certes diminué la cadence, mais jamais je ne me suis arrêtée, parfois espaçant un peu les séances, mais ne loupant jamais le film à voir. Mais, c’est dernier temps, la masse de travail augmentant, le fait de ne plus avoir un cinéma à porter de pieds, font que, sans m’en rendre compte, petit à petit, j’ai perdu le reflex. Jusqu’au jour où on m’a demandé ce que j’avais été voir récemment et que je n’ai trouvé qu’un grand vide dans mon esprit. Même en regardant mes derniers notes de blog, la dernière critique cinéphile remonte à des temps si immémoriaux je n’ose même pas le dire. Détresse immense. La faute à l’âge ? C’est ça, être adulte, ne plus pouvoir aller au cinoche ? Franchement, ça craint, puis zut à la fin, je suis pas vieille ! La faute aux séries ? J’en vois trop, du coup, je peux pas faire les deux ? Pourtant, j’y arrivais sans problème, avant. La faute à la flemme qui nous rattrape ? Quand après une journée de boulot on a juste envie de rester dans son lit et surtout de ne pas avoir à reprendre le métro ? C’est moche, mais c’est surement une des causes du fléau. Le constat est bien difficile : la fatigue gagne sur l’art, la paresse sur le plaisir. C’est terrible comme on s’encroûte.
Le pire dans tout ça, c’est que maintenant que je vais pouvoir me faire une toile vendredi, je ne sais même plus quoi aller voir ! J’ai tellement pris de retard que la liste des « à voir » ne fait que s’allonger. J’ai tellement entendu d’avis et de critiques sur les films que, du coup, j’ai l’impression de savoir ce qu’ils valent avant même de leur donner leur chance, ce qui n’est pas pour me motiver. Et puis, surtout, on en a tellement baver pour qu’il fasse beau que je me dis que ça ne serait pas plus mal de profiter du soleil… résultat : le mal est là mais je ne sais pas par quel bout le prendre pour y remédier. Mais je me rassure : ce n’est forcément qu’une passade. Je vais finir par briser le cercle infernal aussi facilement que comme je m’y suis plongée. J’irai n’importe où, voir n’importe quel film, mais j’irai !
Attend un peu d’avoir des enfants et tu auras une idée encore plus concrète de ce que c’est que de ne plus avoir le temps d’aller au cinéma. La seule solution que j’ai trouver pour continuer d’y aller, c’est y aller avec eux ce qui, tu l’imagines, réduit considérablement les choix… Ton post m’a fait du bien. Je vais essayer également de réamorcer la pompe. 🙂