L’appréciation qu’on va avoir d’un film peut se jouer parfois avant même le début d’une séance. Quand nous ne sommes pas vraiment dans le bon état d’esprit et que l’on passe à côté d’une histoire, quand on est tellement excité qu’on aime déjà follement ce que l’on va découvrir à l’écran. En allant voir Magic in the Moonlight, le dernier film de Woody Allen, ce qui m’a mis la puce à l’oreille quant à ce que je ressentirai en sortant de la séance… c’est la moyenne d’âge des téléspectateurs.
Pourtant, je ne pensais pas aller voir « un film de vieux », si tant est que cela existe. Certes, Woody approche les 80 balais, et le film se déroule sur la Côté d’Azur dans les années 20. Mais enfin, ça marche bien avec Downton Abbey ! Pourtant, il a fallu se rendre à l’évidence : l’amourette contrariée d’un magicien venue exposer une voyante et la dite jeune femme est d’un classicisme gentil en accord avec cette partie du public du réalisateur New-Yorkais. Bien loin de Blue Jasmine, ce film reprend certes des thèmes récurrents du cinéma de Woody Allen, le pessimiste, l’agnostique, le bavard caustique étant cette fois-ci interprété par Colin Firth. Les acteurs cabotinent, les décors sont idylliques, quelques répliques font mouches… c’est léger, c’est charmant, et les mamies en ressortent ravies. Ce n’est pas grave : le film n’est pas vraiment raté, il est juste un peu trop édulcoré. « Pour une fois qu’il n’y a pas de violence! » ai-je entendu l’une d’entre elle s’écrier avec joie à la sortie. Les autres en ressortent avec l’impression d’avoir mangé une barbe à papa qui ne marquera pas le cour de leur existence.