Toujours en quête de série d’un genre inédit et d’une volonté de tirer vers le haut la qualité de la fiction française, Canal + diffuse en ce moment sa dernière création : Le Bureau des Légendes. « Showrunné » par le cinéaste Eric Rochant, on y suit un service de la DGSE bien particulier : celui des espions infiltrés sous un faux nom, ou une « légende ». Le héros des légendes, c’est Malotru. Revenu de mission au Moyen-Orient, il réintègre le bureau des légendes pour le trouver en crise : un espion a disparu à Alger. En plus de ça, Malotru revient avec une situation personnelle qui semble prendre le pas sur ses autres décisions… pourtant, il faut qu’il forme une toute jeune légende. Une belle brochette de comédiens vient porter, avec plus ou moins de bonheur, une série qui instaure dés le début une ambition de réalisme poussée. Ici, pas de James Bond, pas d’explosion : on suit plus les relations intimes des personnages plutôt que leurs actions. Du coup, le spectateur est pris dans un rythme assez particulier, celui de prendre son temps d’installer les choses, de laisser apparaitre doucement les conflits, sans les matraquer à outrance. Rythme parfois déstabilisant, car cela donne une impression assez froide, au premier abord, où l’émotion elle aussi met du temps à arriver. C’est en s’habituant aux personnages qu’on vient à s’y intéresser, la curiosité initiale laissant alors la place à une envie d’y revenir, accroché aux petites aspérités du récit qui laisse entrevoir que tout peut s’accélérer et prendre de l’ampleur. On est donc tenu par l’espoir que les prochains épisodes nous confirment l’intuition d’une série qui, si elle n’est pas parfaite, hausse d’un cran le niveau et ouvre la voie au cran suivant.