Dans le monde de The Lobster, on n’a pas le droit d’être célibataire. Quand on se retrouve tout seul, on est embarquer pour une retraite dans un hôtel où on a 45 jours pour trouver une nouvelle âme sœur. Si on échoue, alors on est transformé en animal. Sauf si, lors des chasses quotidiennes, on arrive à capturer un « solitaire » qui se cache dans la forêt. High Concept génial, me direz-vous ? Sur le papier, oui : l’idée est osée, l’univers grinçant, la critique de notre société moderne et de son individualisme poussée à bout. Mais un bon concept ne fait pas un bon film…
The Lobster s’amuse à pousser tous les curseurs pour marquer, peut-être, sa différence, son originalité. Le soucis, c’est que, comme souvent lorsqu’on ne fait pas attention quand on a de grandes ambitions, le spectateur est totalement laissé sur la brèche. D’une part car il est compliqué de s’identifier aux personnage, glissants comme du savon, notamment celui du héros (le personnage de Rachel Weisz est encore le plus réussi), d’essayer de comprendre leur acceptation et leur apathie – sentiments très peu humains face à l’injustice de ce système. D’autre part, le ton, que les dialogues débités de manière monotone donne dès le début, nous entraine dans une léthargie qui fait qu’on s’ennuie. Non pas qu’il ne se passe rien, mais tout se passe au même niveau d’intensité – du coup, il est compliqué de ressentir quoi que ce soit. Certes, c’est du génie, de réussir à nous abrutir comme le système social du film abruti les personnages, mais du coup, on ressort déçu du film, car le génie du cinéma consiste avant tout à nous bouleverser d’une manière ou d’une autre. Là, on ressort aussi vif que des homards. La boucle est bouclée, certes, mais on se dit qu’on ne reverra tout de même pas le film une seconde fois.