Pour un scénariste, l’exercice du biopic est délicat. On peut très vite tomber dans l’anecdotique, dans une énumération d’évènements, sans vraiment rien raconter de la personne sur laquelle on se penche. Ainsi, parfois, cela demande des choix radicaux, de compréhension du personnage d’une part, de soi-même de l’autre. C’est ce qu’à fait avec brio Aaron Sorkin, qui avait déjà écrit The Social Network, dans Steve Jobs, film sur le créateur d’Apple.
Attention, spoiler !
Si vous espérez comprendre d’où venait les idées incroyables de Steve Jobs, son génie de l’informatique, ou encore comment il a crée l’iMac, vous serez déçu. Steve Jobs était un être à part, c’est sur – mais ici, on nous le montre en coulisse, de manière inédite, sèche, énergique, lors de trois évènements concentrés, trois actes à des années d’intervalles, trois lancements de produits, quelques minutes avant que le rideau s’ouvre. De manière très théâtrale, Jobs rencontre, lors de ces événements, les personnages qui marque sa vie : son assistante, sa fille, son PDG, son associé de toujours… par son comportement, ses paroles, les quelques phrases éclairantes lâchées ici et là qui nous donne la profondeur d’un mal-être et nous sortent de la déshumanisation apparente du personnage, on se voit se dessiner un portrait fin et complexe de Jobs. Non content d’être virtuose au scénario, la réalisation de Danny Boyle et l’interprétation hors-norme de Michel Fassbender font de ce film un véritable tour de force – très intellectuel, certes, qui ne vous fera ni rire ni pleurer, et qui a quelques défauts tout de même – mais tellement inattendu et prenant le contrepied de tout le reste qu’il est, à mon avis, très réussi. A voir !