Jusqu’où peut-on pousser la nouveauté formelle d’une série sans perdre l’efficacité du récit ? La nouvelle série du créateur et showrunner Noah Hawley, à qui l’on doit la génialissime Fargo, pousse cette question à l’extrême. Dans Legion – diffusée sur la chaine FX aux USA et OCS en France – Hawley s’en donne à coeur joie pour brouiller les pistes, jouer avec les genres et les esthétiques… au risque de laisser le spectateur de côté ?
David a des problèmes mentaux. Diagnostiqué schizophrène, il se retrouve en hôpital psychiatrique. C’est alors qu’une nouvelle patiente, Sydney, le fait douter : et si, finalement, il n’était pas malade, mais qu’il avait un pouvoir ? Alors que David se retrouve interrogé par la soit-disant police après qu’un violent incident soit survenu à l’HP, on comprend en effet que David a des habilités surnaturelles… Adapté d’un personnage de Marvel, cette nouvelle série de super-héros est pour sûr différente de ce qu’on nous sert dernièrement, notamment sur Netflix. Mais les codes étant brouillés, Hawley jouant avec les genre (on ne comprend qu’à mi-parcours de quoi on nous parle vraiment), avec la temporalité (on nous montre beaucoup de séquences qu’il nous faut replacer ensuite) et avec les séquences qu’on devine parfois n’être là que pour jouer la démesure du style (la chorégraphie bollywood sur du Gainsbourg !), le spectateyr est un peu rebuté à entrer dans le récit, et surtout dans une identification forte avec les personnages. Autant, dans Fargo, nous étions cueillis dés les premières images, bien que le style soit très présent. Autant là, il faut un certains temps pour voir au-delà et se laisser toucher par la détresse identitaire de David – et son amour sans fin pour Sydney. Certes, il y a du génie visuel, mais au détriment de la compréhension. Si la fin du pilote nous laisse entendre que la suite sera surement moins extravagante et pourra plus se concentrer sur ce qu’on nous raconte vraiment, et qu’on va donc pousser la curiosité, ce pilote qui veut marquer les esprits par sa différence et son exubérance en fait un peu trop – et on se dit qu’il va falloir le regarder une seconde fois pour être sûr qu’on a bien tout compris… ce qu’on n’a pas forcément le temps de faire en ces heures de peak TV !
C’est clair qu’il faut s’accrocher devant Legion pour tenter de comprendre quelque chose, mais en même temps, ça fascine je trouve !