Malgré toute l’admiration qu’on lui porte, on ne peut nier que, ces derniers temps, Tim Burton avait perdu de sa grandeur. Après le désastreux Alice au Pays des Merveilles et le bien-mieux-mais-pas-encore-tout-à-fait-ça Dark Shadows, on attendait pas grand chose de son prochain film, Frankenweenie… à tord !
On savait déjà que Burton s’y connaissait en matière de film d’animation en stop-motion, nous ayant déjà régalés avec L’étrange Noel de M. Jack et réjouis avec Les Noces Funèbres. Ici, ce qui me dérangeait, c’est qu’on a déjà vu un Frankenweenie, finalement : Burton en avait fait un court-métrage, en prise de vue réelle cette-fois, en 1984, alors qu’il était encore animateur chez Disney. On connait donc son hommage au savant fou et à sa créature, sortie tout droit de l’imaginaire de Mary Shelley. Chez Burton, un petit garçon, Victor, aime son chien plus que tout. Mais lorsque le chien succombe à un accident, il trouve dans la science une solution pour remédier à son chagrin et ressuscite son compagnon grâce à l’électricité. Si l’histoire tient en une vingtaine de minutes, comment la faire tenir en une heure et quart? Et bien il a suffit à Burton d’attendre 25 ans, d’insuffler quelques nouveaux personnages délicieux, de creuser un peu plus son héros (le chien!) et la ville de New Holland pour faire un petit miracle.
Frankenweenie est un film qui baigne dans l’univers burtonien, il a même ramené un personnage de son livre La triste fin du petit enfant huître et autres histoires ou des monstres de l’Étrange Noel de M. Jack. Les personnages, humains comme animaux, sont loufoques, drôles, beaucoup sont des références à des films cultes du genre (Dracula, Godzilla,…) ou de Burton lui-même. L’auto-citation devient dérangeant chez certains, mais là, ça nous avait tellement manquer qu’on les retrouve avec plaisir ! Mister Whiskers retiendra obligatoirement votre attention. Mais la réussite de ce film qui s’adresse tout de même à des enfants est qu’on ne s’ennuie pas une seconde. La bataille finale est vraiment appréciable, parfaite pour Halloween. Le récit est bien mené (Burton s’est associé à son scénariste de toujours, John August) et malgré les bons sentiments et les déjà-vus du style du cinéaste, on est agréablement surpris. Un bon moment en famille, donc, que l’on peut accompagner pour les parisiens de la visite de la mini-exposition à La Défense (au Quatre Temps) qui regroupe quelques figurines du film. Et qui sait, cela relancera peut-être le cinéaste sur une piste de création de nouveaux films sans Depp !